Mission à Bantougdo
Le vendredi 8 fév. 2014, Jean baptiste, chauffeur, et moi, François Souili, nous nous sommes rendus au village de Bantougdo dans le cadre du suivi de l’effectivité et de l’amélioration de la cantine à l’école « A » de Bantougdo.
Nous avions pour objectifs de nous rendre compte de la mise en œuvre de la cantine d’en apprécier la quantité et la qualité et de récupérer un document relatif au projet de réhabilitation du jardin scolaire.
Dès notre arrivée, je me suis entretenu avec le responsable de la cantine, monsieur Tapsoba.
L’entretien : l’entretien avec monsieur Tapsoba a porté sur les moyens d’améliorer le menu et sur la nécessaire contribution des parents pour maintenir l’effectivité de la cantine au-délà des 3 ou 4 mois prévus par la dotation du ministère. Selon monsieur Tapsoba, notre implication au niveau de l’éducation permet à beaucoup d’enseignants de comprendre et de s’intéresser davantage à ce qui se passe à l’école.
Après l’entretien, monsieur Tapsoba et moi sommes allés voir les femmes chargées de la cuisine ; elles sont au nombre de trois (3).
La cuisine : ce qui frappe quand on arrive au petit bâtiment servant d’abri à la cuisine, c’est sa vétusté et sa précarité ; elle est construite en banco ; un petit enclos, très bas, à peine deux couches de briques en banco, prolonge l’espace réservé pour les activités de la cuisine ; les murs de la cuisine même sont ébréchés ; il n’y a pas de porte. Ce qui veut dire que les bêtes peuvent y entrer à tout moment. Les ustensiles sont vétuste, cabossés, posés à même le sol.
Le repas apprêté : Les femmes devaient faire deux préparations pour que les cinq cents élèves puissent avoir une ration suffisante à chacun ; à vue d’œil, la quantité servie à chaque élève devait lui suffire ; c’était du riz gras assaisonné de chair de poisson sec pilé, de tomate et de « soumbala » ; le « soumbala » est un produit fait à partir des graines d’un arbre, appelé « néré ». Il semble que le « soumbala » que l’on pourrait comparer à certains fromages de France contient beaucoup d’éléments nutritifs, notamment le fer.
La prise du repas : le riz est d’abord servi dans une grande bassine que la cuisinière, aidée de quelques élèves, dépose à la porte de chaque classe. Les élèves disposent leur plat individuel sous la véranda et se mette en rang pour se laver les mains; une fois les plats individuels servis les élèves les prennent et se choisissent une place sous un arbre pour manger. Ces élèves que j’ai vus ce jour étaient tout heureux car c’était la première fois qu’un tel menu leur était servi ; les parents présents ont apprécié le plat du jour. J’ai personnellement goûté au plat du jour en compagnie de monsieur Tapsoba. Les élèves interrogés sur la qualité du plat n’ont pas pu cacher leur grande satisfaction. Ils ont conscience que le passage de Koudpoko, « la nansara » a contribué à l’évolution de la cantine.
J’ai été personnellement très admiratif devant ces enfants en groupe se délectant chacun du contenu doré de son petit plat. Cela m’a renvoyé dans les années 56 où nous nous alignions devant la cantine de l’école pour prendre ration du jour ; du riz au lait ou des galettes de petit mil.
Les projets :
A. Un projet de jardin scolaire
Lors du séjour de Bernadette à Bantougdo, au cours des échanges avec les enseignants et des membres du bureau des parents d’élèves le principe de la restauration du jardin scolaire a été retenu ; les produits de ce jardin contribueraient à l’amélioration de la qualité des repas de cantine. Il s’agira essentiellement de la culture du moringa, plante de culture facile dont les feuilles et les graines sont riches en nutriments et très commercialisés au Burkina, de la tomate, de l’oignon, etc. Un autre avantage de cette activité qui fait des activités parascolaires, c’est de permettre de lier les leçons de choses au vécu des élèves. Les parents et les enseignants et élèves s’impliqueront pour la mise en œuvre de ce projet, chacun au niveau qui requiert sa compétence. Le coût de l’ouverture de ce projet est joint en annexe.
B. Un projet d’appui aux mères d’élèves
Généralement les femmes mères d’élèves ont la bonne réputation d’être plus soucieuses que les pères de l’avenir de leurs enfants.
Le but du projet est d’amener les mères à s’impliquer davantage dans l’éducation de leurs enfants par des mesures précises :
– Donner aux mères une meilleure vision de l’éducation moderne ;
– Renforcer la solidarité entre les mères en matière d’éducation ;
– Amener les mères à contribuer de façon accrue à l’éducation-enseignement de leurs enfants ;
– Amener les mères à mutualiser leurs expériences en éducation ;
Etc.
Les moyens
Les mères seront organisées selon les classes des enfants et selon la proximité des maisons
– Chaque mère s’achète une poule de six mois ;
– la poule est déparasitée et vaccinée ;
– la poule est entretenue par chaque mère
– un suivi vétérinaire est assuré régulièrement (les poules sont ramenées chaque fois à l’école) ;
– une rencontre mensuelle des mères autour de la vie et de la scolarité des enfants
– les premiers poussins sont traités et suivis par le vétérinaire ;
– les premiers poussins au bout de six mois sont vendus ;
– la moitié du produit de vente de la production est reversée dans une caisse commune pour faire face aux besoins des enfants de mères concernées.
Le début de ce projet est prévu pour octobre, donc dès la rentrée scolaire.
Un budget sera approprié élaboré.
Après cette mission, nous pensons que certaines améliorations pourraient être envisagées au niveau du petit bâtiment servant de cuisine :
– réfection du mur d’enclos ;
– mettre une porte et une fenêtre ;
– renouvellement des ustensiles (bassines, écuelles, etc.)
Des actions immédiates sont envisagées : sensibilisations des parents, des mères, des élèves. Moi-même François m’engage à m’y consacrer.
Nous restons convaincus que l’avenir des hommes et des femmes de Bantougdo à l’école.
Le chargé de mission
François Souili