Voici le rapport envoyé par Françoise et François SOUILI:
Ouagadougou le 26 Novembre 2013
SOUILI François
SOUILI Françoise
A
L’Association Sous le Manguier
Rapport de sortie sur BANTOGDO
Le lundi 25 Novembre 2013 nous avons effectué une sortie d’échanges et de visite à Bantogdo.
Les objectifs essentiels de cette sortie étaient :
- Visiter l’école Centre « A » de Bantogdo ;
- Visiter les centres d’alphabétisation de l’ALFNB.
- DE LA VISITE DE L’ECOLE
Cette visite s’est opérée en trois temps :
- l’entretien avec l’équipe enseignante et les communautés de base ;
- la visite des salles de classe ;
- la collecte des points de vue sur la nécessité de la cantine et de la pertinence de l’alphabétisation des femmes
Des échanges avec les enseignants et les structures communautaires : C’est monsieur Souili François, ressortissant de Bantogdo à Ouagadougou qui prit la parole pour introduire l’objet de la visite du jour. Une fois encore monsieur Souili François a souligné l’importance de l’école et le devoir de chacun de s’investir pour l’avenir de la génération future. « Les parents restent les responsables de 1er rang de l’éducation des enfants. En ce début d’année, le moment est venu pour déployer tous les efforts et stratégies nécessaires à la réussite des enfants. Les femmes, cheville ouvrière de l’éducation devraient elles mêmes être instruites pour une éducation de qualité de leurs enfants, d’où la pertinence de l’alphabétisation ».
La parole fut ensuite passée à madame Souili Françoise, coordonnatrice des activités de l’Association des Femmes Nong Taaba du Burkina.
Celle-ci a tout d’abord remercié l’assemblée d’avoir répondu nombreuse à la rencontre et a décrit le programme de la journée ainsi que l’importance de chaque élément du programme du jour :
Les échanges avec la communauté et l’équipe enseignante devraient permettre à la mission de s’imprégner des nouvelles stratégies prises par l’école en cette année 2013/2014,afin que les déboires de l’année écoulée ne se reproduisent plus.
C’était également l’opportunité pour la mission du jour, de recueillir les impressions des uns et des autres sur la nécessité et l’importance de la cantine scolaire puis sur la pertinence et l’impact de l’alphabétisation des femmes sur les apprentissages des élèves.
Enfin, c’était aussi l’occasion pour les différents partenaires présents ce jour de dénoncer les difficultés réelles que rencontre l’école et de proposer des stratégies de solutions
Monsieur Simporé Paul, directeur de l’école de Bantogdo « A » a commencé par présenter son école.
Pour cette année scolaire, l’école centre « A » de Bantogdo, compte 518 élèves dont 276 filles. Cet effectif se répartit par niveau comme suit :
N°) d’ordre |
EFFECTIFS DES CLASSES |
|
CP1 |
CP2 |
CEI |
CE2 |
CM1 |
CM2 « A » |
CM2 « B » |
|
F |
G |
T |
F |
G |
T |
F |
G |
T |
F |
G |
T |
F |
G |
T |
F |
G |
T |
F |
G |
T |
|
35 |
42 |
77 |
32 |
54 |
86 |
41 |
34 |
75 |
25 |
56 |
81 |
43 |
39 |
82 |
24 |
24 |
48 |
42 |
27 |
69 |
Nous notons alors un effort remarquable dans la scolarisation et le maintien des filles quand bien même la parité est encore loin d’’être réalisée.
Ces sept (07) classes sont animées par huit enseignants dont trois institutrices. Le directeur qui fait partie de ce nombre est déchargé de classe et s’occupe de l’encadrement de proximité de ses adjoints et des tâches administratives et socio économiques.
.Des difficultés énumérées par le directeur, l’on retiendra :
- l’absence de suivi des élèves par les parents ;
- le refus catégorique de certains parents de contribuer dans le cadre de la cantine endogène, attendant tout de l’extérieur;
- l’insuffisance de logement pour les enseignants ;
- l’insuffisance des lampes d’éclairage.
Parlant de la cantine, le directeur dira que l’école vient de recevoir de la part du Gouvernement, la dotation de 120 sacs de 50 kilogrammes chacun, de riz, du haricot, de l’huile. Cette ration devrait couvrir quatre (04) mois seulement..
De la visite des classes,
La joie se lisait de part et d’autre sur les visages. Les élèves étaient contents de voir et d’échanger avec la mission. Chaque enseignant qui nous conduisait dans sa classe était heureux de nous présenter l’effectif de sa classe et la disposition qu’il en avait fait. Des échanges, des conseils, des encouragements ont constitués l’essentiel de cette tournée dans les sept classes.. Dans chaque classe, les élèves chantaient et disaient merci.
Au CP1 la mission a eu des pincements au cœur. Ces tout petits, tout nouveaux dans ce monde scolaire, bien que motivés pour apprendre présentaient pourtant des mines froissées, des regards pâles, les habits déchirés. Au coin de la classe à droite étaient disposés de petits plats, de petits seaux. Ces récipients contiennent, les uns, de la vieille pâte de mil préparé depuis la veille et trempée dans la sauce. Les autres, du riz à la sauce au fond de l’écuelle, du haricot pour certains…. Pire, d’autres n’avaient pour tout repas de midi que des grains de millet mouillés dans des bouteilles de coca cola avec de l’eau sale. La mission a saisi de l’opportunité pour mener une sensibilisation des parents par le biais du bureau présent. « On ne peut rien attendre de bon d’un enfant affamé. Il dort en classe et est vite dégoûté de l’école. Si à la maison la ration alimentaire journalier n’est pas garante qu’au moins à l’école l’enfant puisse l’avoir. Les contributions des parents pour une cantine endogène en attendant l’’appui de l’Etat et d’autres secours s’avère impératives. Il ne faut pas compter entièrement sur l’aide. Dès la rentrée scolaire en octobre normalement, la préparation du repas devait s’en suivre pour, d’une part garantir une bonne fréquentation et, d’autre part, assurer une bonne réussite en fin d’année. La contribution de chaque parent (un plat de mil ou de haricot par élève) a été suggérée. Disposez d’un peu et l’on vous ajoutera »
Parmi les stratégies d’’amélioration des résultats scolaires, l’équipe enseignante a promis de tout mettre en œuvre pour recouvrer les contributions en nature afin que la cantine commence plus tôt. Elle a également informé la mission de l’élaboration et de la mise en œuvre d’un plan d’action école. Celui-ci met l’accent sur les cours d’appui des élèves surtout des CM2 Les jeudis, les samedis ainsi que les jours féries, les enseignants acceptent recevoir les élèves pour dispenser des cours en heure supplémentaires. Cela nécessite un appui des parents pour les efforts consentis.
De la collecte des points de vue :
A travers les échanges, les enseignants autant que la communauté ont reconnu le fondement de la cantine et sa nécessité dès le premier jour de la rentrée. Les parents s’occupent de moins en moins des enfants, sont pris par les travaux du jardinage au barrage ou par le petit commerce au marché. Seul le repas du soir est assuré. Les uns et les autres ont confirmé la pertinence et l’impact de l’alphabétisation des mères sur les apprentissages des enfants. Pour le directeur de l’école, les enfants dont les mères ont bénéficié de formation en alphabétisation sont toujours propres, ponctuels .Ceux-ci viennent rarement à l’école, l’écuelle vide. Leurs mères se présentent régulièrement à l’école pour s’enquérir de la qualité du travail ou de l’assiduité de leurs enfants.
Pour le Conseiller Villageois de Développement (CVD), la pertinence de cette formation à l’alphabétisation n’est plus à discuter. La femme alphabétisée est propre, et ses enfants avec. La femme alphabétisée sait organiser son temps et sait faire la bonne cuisine. De plus en plus, dans les grandes activités de développement du village, c’est à ces femmes instruites qu’on fait recours car elles ont l’esprit d’organisation et acceptent les responsabilités. Elles ont le sens de l’honneur. Elles servent de modèle pour leurs enfants une fois le soir à la maison, leurs enfants apprennent leurs leçons et sont assistés dans l’apprentissage des leçons. Il ressort de cette visite à l’école que l’action urgente à entreprendre serait d’assurer l’alimentation et la prise en charge sanitaire de ces enfants. Les élèves, surtout du cours préparatoire sont malnutris et sales.
II- DE LA VISITE DES CENTRES D’ALPHABETISATION
. Après l’école, la mission s’est rendue à la maison de formation et d’alphabétisation des femmes de Bantogdo. Là, un groupe de 28 femmes apprenantes nous attendaient depuis le matin. Nous avons d’abord visité l’atelier de tissage. Les apprenantes en alphabétisation assistées de leur animatrice, étaient contentes de faire des démonstrations en écriture et en dialogue en français parlé. Nous avons entendu ces femmes sur la pertinence de leur formation en alphabétisation. Unanimement elles reconnaissent que l’alphabétisation les aide tant dans leur vie de foyer, l’éducation de leurs enfants, le suivi des enfants que dans la gestion de leurs activités rémunératrices de revenu (AGR). Elles souffrent de l’ignorance et elles ont hâte de s’en sortir. La mission a profité de cette occasion pour inviter ces mères à être plus regardantes sur l’hygiène et l’alimentation de leurs enfants.
La prochaine étape fut les centres de Zoundri et de Song-Naaba, situés respectivement à 05 Km et 10km de Bantogdo. Au centre de Zoundri, on comptait parmi la trentaine d’apprenants quatre (04) tous petits de 11 à 12 ans qui n’ont pas eu la chance d’être recrutés à l’école formelle. Il y avait également des jeunes hommes de d’environs 18 et 20 ans, qui ont soif d’apprendre à lire et à écrire.
A Song-Naaba, c’est des femmes bien engagées que nous avons trouvées en classes. Les apprenantes sont au nombre de 34, Elles sont également la plupart en allaitement. On y compte plus de dix bébés de moins de 6 moins. Le centre de Song naaba est abrité par un hangar en paille. La mission a exhorté la communauté masculine à se mobiliser pour construire un local ne serait ce qu’en banco afin que les femmes ainsi que leurs bébés ne soient exposés au grand souffle de l’harmattan.
La tournée s’est poursuivie au centre d’alphabétisation de Sandogo, localité situé à une vingtaine de km de Bantogdo. Notre arrivée tardive ne nous a pas permis de trouver les apprenants en classe. Néanmoins l’animatrice et le conseiller villageois au développement étaient là et nous ont rassurés de la grande motivation et sensibilisation de la population pour les centres d’alphabétisation.
Nous rappelons que pour cette campagne d’alphabétisation 2013/2014, à l’actif de l’ALFNB a ouvert dix (10) centres d’alphabétisation l’effectif moyen est de 30 apprenants par centre.
Tableau synoptique des centres d’alphabétisation de l’ALFNB
N°) d’ordre |
Nom du Centre d’alphabétisation |
Nom du formateur/ice |
Effectif des apprenants |
Proportion des apprenantes femmes |
1 |
Bantogdo Centre |
Zongo Wendenda |
28 |
25 |
2 |
Tengsobongo (hangar)* |
Kaboré Marceline |
26 |
21 |
3 |
Somassi |
Sam Justine |
28 |
25 |
4 |
Tassé |
|
34 |
28 |
5 |
Zoundri |
Sebgo Michel |
37 |
23 |
6 |
Songnaaba(hangar)* |
Koama Noëlie Sophie |
34 |
34 |
7 |
Sondogo Nabangr yiri |
Kaboré Sonia |
25 |
15 |
8 |
Pourgo (hangar)* |
Kaboré Marguerite |
30 |
25 |
9 |
Salsé(hangar)* |
|
30 |
21 |
10 |
Ganghin(hangar)* |
Guélo Judith |
24 |
18 |
TOTAL |
10 Centres |
|
296 apprenants |
214 apprenantes |
Parmi les dix centres, quatre (04) sont sous hangar en paille et sans tableau. Les six autres sont abrités par des infrastructures en dur mais les tableaux muraux sont gris et ont besoin de couche d’ardoisine.
Les besoins des centres d’alphabétisations sont entre autres, 04 tableaux à chevalet, 10 boîtes d’ardoisine, si possible, de la cantine pour encourager la fréquentation des apprenants sur les quatre vingt (80) jours de cours.
Fait à Bantogdo le 26 Novembre 2013
La coordonnatrice des activités de l’ALFNB
SOUILI/Koama Françoise SOUILI P. François